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Quels sont les « vrais » risques du tabagisme par rapport à la cigarette électronique ?

Le 10 août 2020 - 5 minutes de lecture
cigarette électronique

Les effets du tabagisme sur la santé sont presque entièrement la conséquence de l’inhalation prolongée de la fumée, qui contient plus de 7 000 substances chimiques, notamment des hydrocarbures aromatiques polycycliques, des nitrosamines, du formaldéhyde et divers métaux lourds. Plus de 70 de ces substances chimiques sont cancérigènes, et beaucoup contribuent à l’apparition de maladies cardiovasculaires. Quid de la nicotine ?

La cigarette contient 98,6% plus de substances toxiques que l’e-cigarette

Commençons par un fait : les vapeurs inhalées avec l’utilisation de certaines cigarettes électroniques de qualité (comme la Luxe S Vaporesso ou les modèles signés Smok) ne contiennent qu’une infime partie des substances chimiques présentes dans la fumée de tabac (le nombre exact dépend de l’appareil et du liquide utilisé, mais la plupart des analyses suggèrent qu’il y a moins de 100 substances chimiques, quelle que soit la quantité).

En 2014, la revue Therapeutic Advances in Drug Safety a publié une revue complète des preuves disponibles concernant les effets potentiels du vapotage sur la santé, rédigée par le Dr Konstantinos Farsalinos, cardiologue chercheur au Centre de chirurgie cardiaque Onassis à Athènes-Grèce et au Centre de recherche en imagerie médicale de l’hôpital universitaire Gathuisberg à Louvain, en Belgique, et par Riccardo Polosa, directeur du Centre de prévention et de traitement des maladies liées au tabac de l’université de Catane en Italie. L’examen, qui a évalué 97 études, reste le plus documenté et le plus complet à ce jour. Il a conclu que « les preuves actuellement disponibles indiquent que les cigarettes électroniques sont de loin une alternative moins nocive au tabagisme et que des bénéfices significatifs pour la santé sont attendus chez les fumeurs qui passent du tabac aux cigarettes électroniques ».

La nicotine : une substance mal comprise par le grand public

La nicotine

Les professeurs Farsalinos et Polosa se sont intéressés à l’idée reçue selon laquelle la nicotine était la substance tabagique la plus nocive. Tout en reconnaissant que la nicotine crée une vraie dépendance, ils notent qu’elle « n’est pas classée comme cancérigène par le Centre international de recherche sur le cancer ». Voici un extrait intéressant de leurs conclusions sur le sujet : « Une idée fausse importante, communément soutenue même par les médecins, est que la nicotine favorise les maladies cardiovasculaires. Cependant, il a été établi que la nicotine elle-même n’a qu’un effet minime sur le déclenchement des maladies cardiaques athérosclérotiques. Elle ne favorise pas l’agrégation plaquettaire, n’affecte pas la circulation coronarienne et ne modifie pas le profil lipidique ».

Une étude d’observation menée auprès de plus de 33 000 fumeurs n’a trouvé aucune preuve d’un risque accru d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral aigu avec l’administration de nicotine seule. L’utilisation de gommes à la nicotine pendant cinq ans dans le cadre de l’étude sur la santé pulmonaire n’a pas démontré de risque accru de développement de maladies cardiovasculaires ou d’autres pathologies graves. Une méta-analyse de 35 essais cliniques n’a trouvé aucune preuve d’effets cardiovasculaires ou d’autres effets indésirables mettant la vie en danger causés par l’ingestion de nicotine seule. Même chez les patients souffrant de maladies cardiovasculaires avérées, l’utilisation de nicotine seule n’augmente pas le risque cardiovasculaire.

Pourquoi la cigarette électronique a encore du chemin à faire

Pourquoi la cigarette électronique a encore du chemin à faire

Les chercheurs qui étudient l’efficacité des cigarettes électroniques doivent relever un défi majeur : ces produits ont fait l’objet d’une innovation considérable au cours de la dernière décennie, ce qui a donné naissance à un large éventail de produits différents aux caractéristiques très variées. Ainsi, les conclusions tirées d’enquêtes utilisant un produit en particulier peuvent ne pas être applicables à d’autres produits.

Prenons l’exemple de l’administration de nicotine. En 2014, Megan Schroeder et Allison Hoffman du Centre pour les produits du tabac de la Food and Drug Administration américaine ont passé en revue des études sur la libération de nicotine par différents produits à base de vapeur. Elles ont constaté que la libération de nicotine par les produits à base de vapeur était sensiblement différente de celle des cigarettes traditionnelles, mais qu’elle variait considérablement selon le type d’appareil. Tous les produits de vapotage inclus dans l’étude délivraient la nicotine plus lentement que les cigarettes, ce qui empêchait le « choc » nicotinique au niveau du plasma.

Les fabricants de cigarettes électroniques gagneraient donc à mettre en place des normes communes, d’abord pour garantir la protection du consommateur, ensuite pour faciliter le travail des chercheurs qui pourront alors tirer des conclusions réalistes sur l’intérêt de la promotion de la cigarette électronique dans le cadre de la lutte contre le tabagisme.