Maladies

Tout ce que vous devrez savoir sur la polypose naso-sinusienne

Le 16 octobre 2018 - 5 minutes de lecture

La polypose nasale est une affection inflammatoire chronique souvent invalidante. L’appellation de polypose nasale et sinusienne est plus exacte car l’affection est diffuse, bilatérale et prend son point de départ dans les sinus. Et tout particulièrement dans les ethmoïdes : des sinus ayant une structure  » en nid d’abeille  » et situés de chaque côté entre la partie haute de la fosse nasale et l’orbite. Cet polypes correspondent à une dégénérescence bénigne oedémateuse : les polypes constituent de véritables grappes d’un tissu qui évoque la  » chair de méduse « .
Si les polypes sont d’un seul côté du nez, il faudra faire une enquête locale soigneuse car le polype peut être le révélateur d’une maladie locale : sinusite (d’origine nasale ou dentaire), tumeur bénigne ou autre.
La polypose naso sinusienne entre parfois dans le cadre plus large d’affections génétiques comme la mucoviscidose, ou certaines affections intéressant les microcils qui tapissent les muqueuses respiratoires.
Rarement elle déforme les os de la face (maladie de Woakes).

Conséquences des polypes

  • perturbations de l’odorat : non seulement les particules portant les substances odoriférantes n’arrivent plus sur la zone sensible, mais cette zone réceptrice est elle même inflammatoire et moins réceptive.
    La perte précoce de l’odorat (alors qu’il n’existe encore aucune obstruction nasale qui la justifie ) est donc souvent un bon signe de diagnostic.
  • perturbations de la perméabilité du nez : l’air ne passe plus et les sinus se bloquent par intermittence avec des petits accès de sinusite par rétention.
  • modifications de la voix : le patient  » parle du nez « 
  • écoulement nasal de type et d’intensité variables
  • douleurs ou sensations de plénitude sinusienne

Les causes

  • Rarement l’aboutissement d’une longue histoire de sinusite chronique
  • Parfois : une allergie respiratoire qu’il faudra traiter parallèlement après avoir identifié les allergènes en cause.

Mais en général quand il y a allergie , c’est souvent une longue suite d’événements évocateurs depuis l’enfance et l’adolescence.. Alors que le plus fréquemment la polypose se révèle après 40 ans et sans autres soucis ORL préalables.

  • Parfois le  » NARES  » : une rhinite inflammatoire non allergique qui se traduit par l’enrichissement de la muqueuse nasale et de ses sécrétions en cellules éosinophiles (une des familles des globules blancs, souvent augmentée dans l’allergie).
  • Parfois la maladie de Fernand Widal : intolérance (et non pas allergie) à l’aspirine et aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (A.I.N.S.). Il s’agit d’une perversion de la réaction inflammatoire qui peut évoluer secondairement vers l’association à un asthme. Si le diagnostic n’est pas porté , l’utilisation intempestive d’un médicament inadapté peut un jour donner une insuffisance respiratoire aiguë sévère.

LE BILAN habituellement pratiqué comporte :

  • un examen ORL complet, avec en particulier étude fibroscopique des fosses nasales
  • un examen des sécrétions nasales pour recherche de cellules éosinophiles
  • un bilan allergologique
  • une étude tomodensitométrique (SCANNER) du degré d’extension nasal et intra sinusien de la maladie.
  • des anomalies respiratoires associées doivent amener à la recherche d’asthme ou d’hyper-réactivité bronchique (hypersensibilité de la muqueuse respiratoire) par exploration fonctionnelle respiratoire chez le pneumologue.

L’EVOLUTION est chronique avec des aggravations intermittentes de l’obstruction nasale plus ou moins accompagnées de surinfections nasales ou sinusiennes. L’odorat n’est le plus souvent récupéré que passagèrement lors des reprises du traitement cortisonique par voie orale.

Le traitement

Traitement médical :

Il repose sur l’utilisation de la cortisone. Dans tous les cas sous forme de pulvérisations nasales quotidiennes.
Associé lors des poussées évolutives obstructives de la maladie à des cures courtes (moins de 10 jours) de cortisone par voie générale. Certaines formes sévères peuvent nécessiter pendant des périodes prolongées une usage de cortisone quotidienne par voie orale.
La cortisone orale peut comporter des inconvénients et nécessite des précautions d’emploi lorsqu’elle est employée au long cours , ou en cures courtes trop fréquentes.

Traitement chirurgical :

Il s’agit d’une maladie générale de la muqueuse du nez et des sinus et donc les gestes libérateurs chirurgicaux n’ont en fait qu’une vocation : permettre une meilleure diffusion dans le nez et les sinus des pulvérisations nasales de cortisone qui stabiliseront la maladie.

  • la polypectomie nasale soulage souvent momentanément
  • le curetage de l’ethmoïde ou ethmoïdectomie : intervention délicate et libératrice, envisageable dans les cas les plus rebelles non stabilisés par les traitements médicaux habituels.